Les amateurs du théâtre et de la danse à Bangalore ont eu une expérience insolite le week-end dernier. L’Alliance Française de Bangalore et Rang Shankara (théâtre renommé au sud du Silicon Valley de l’Inde) ont accueilli Krafff, un groupe de théâtre et danse.
Mise en scène par Johanny Bert, le spectacle mêle adroitement la marionnette, le théâtre et la danse. La marionnette créée en papier kraft est préparée sur scène devant les spectateurs. La préparation elle-même est une suite de mouvements élégants, subtils et émouvants. Voir comment deux morceaux de papier peuvent être transformés en “être-humain” a laissé les spectateurs bouche bée !
Le spectacle met en opposition la danse d’un être-humain et de la marionnette. Au début du spectacle la marionnette est en train de découvrir son corps et trouve les mouvements difficile à mimer, mais il apprend très vite comment manipuler son corps (grâce à quatre acteurs derrière lui qui la manipulait agilement) et commence à danser aussi bien que le danseur humain. Vers la fin du spectacle, humain et marionnette sont comme deux faces d’un être – élégant, rythmique et surtout fluide. La marionnette part à la fin et on voit les quatre acteurs qui lui ont donné vie et on reprend la question qui est à l’origine du spectacle : “Une marionnette peut-elle avoir autant d’élégance qu’un danseur ?” (réf. Kleist “Sur le théâtre de marionnettes.”) Je dirais oui, en ajoutant que la marionnette n’est qu’une production et une manipulation des danseurs /acteurs.
Extraordinaire, esthétique (même poétique) et surprenant, Krafff n’a aucun scénario. Yan Raballand, le danseur principal ajoute que sans barrières linguistiques le spectateur est libre à comprendre, interpréter et ajouter dans ce récit ses propres expériences et partir avec sa propre version de l’histoire. Krafff touche tous les spectateurs avec son langage universel de danse et émotions.